Lorsque la décharge de Saravan est née, en 1984, elle devait
être seulement temporaire. Mais elle est devenue la plus importante du
nord de l’Iran. Au-delà des montagnes d’ordures qui enlaidissent la
zone, les milliers de litres d’eau toxiques qui en ruissellent
quotidiennement inquiètent désormais les habitants.
Il y a des dizaines d’années, l’endroit où se trouve désormais la
décharge était une belle vallée entourée de forêts – appelée la "vallée
du faisan" – située à 15 km au sud de Rasht, la capitale de la province
du Gilan (nord de l’Iran).
Mais tout a changé en 1984. Afin de faire face à l’accroissement de la
production de déchets – liée à l’augmentation de la population – les
autorités ont décidé de mettre en place une décharge dans la zone. Elle
devait toutefois être temporaire et ne pas dépasser 250 000 m2. À
l’époque, aucune étude n’a donc été réalisée concernant l’impact
potentiel d’une telle installation.
Cette décharge est désormais la plus importante du nord du pays. Plus de
500 tonnes de déchets arrivent là-bas chaque jour, en provenance de
Rasht et d’autres villes des alentours, une zone où vivent un million de
personnes environ. C’est ainsi qu’une montagne d’ordures de plus de 70
mètres de haut s’est constituée petit à petit.
"Chaque minute, plus de 1200 litres d’eau toxiques s’écoulent de la décharge".
.... les industries pharmaceutiques sont autorisées à y jeter leurs déchets
deux fois par an. Sur place, on trouve également des produits toxiques
provenant d’hôpitaux...
Ces eaux se retrouvent ensuite dans les nappes phréatiques et dans le Zarjoub et le Goharroud, deux rivières parmi les plus polluées d’Iran.
Selon des rapports officiels, d’importants volumes de métaux lourds –
cuivre, nickel, plomb, mercure, zinc, etc. – se trouvent dans ces eaux,
ce qui pourrait expliquer l’augmentation des cas de cancers
gastro-intestinaux dans la zone. [Environ 7000 personnes vivent près de
la décharge, NDLR.]
De plus, certains enfants passent leurs journées à récupérer les ordures
ayant un peu de valeur, sans gants ou chaussures, ce qui favorise la
contraction de maladies infectieuses et de la peau.