Merci "Anonyme", pour avoir trouvé ce vieil article de l'EXPRESS. daté du
d'un ancien complexe nucléaire :
bonne lecture ! :
En 1967, Mira Kossenko est médecin généraliste à Tcheliabinsk. Elle ignore tout des pollutions provoquées par Mayak. On lui propose un poste à l'Institut de biophysique, alors l'hôpital le mieux équipé de la région. Elle accepte. Mais doit signer un papier par lequel elle s'engage au secret absolu sur son travail et à ne jamais rencontrer d'étranger. L'établissement n'est pas comme les autres: dépendant du ministère de la Santé, il est en fait financé par celui des Constructions mécaniques moyennes (rebaptisé, aujourd'hui, ministère de l'Industrie nucléaire). Une mystérieuse administration qui possède sa propre armée, ses propres services de renseignement, et même, dans certains centres secrets, sa propre monnaie. Un Etat dans l'Etat.
MAYAK N'EXISTE PAS
Mira n'a jamais vu un hôpital si protégé. Ni si mal informé: quand le journal scientifique britannique "Nature" publie un article sur les retombées d'une éventuelle catastrophe nucléaire à Tcheliabinsk l'hôpital - abonné - reçoit un exemplaire dont des pages ont été arrachées. Les médecins ne sont pas dupes: l'état des malades et les confidences de quelques responsables ont suffi pour les renseigner. Pas question cependant de téléphoner à Moscou ou ailleurs pour demander des compléments d'information sur l'irradiation et ses traitements: les conversations téléphoniques sont surveillées. Pas question, non plus, de commander, hors de Tcheliabinsk, du matériel spécifique au traitement des irradiés. Interdit.- Logique du discours officiel: "Faire venir cet équipement signalerait les problèmes de radioactivité. Or nous ne pouvons pas avoir de telles pathologies... puisque Mayak n'existe pas." Incontournable.
En 1972, le gouvernement soviétique reconnaît finalement qu'un "incident" nucléaire majeur a eu lieu dans l'Oural. Les règles ne changent pourtant pas. En 1974, deux scientifiques de l'hôpital décident d'agir avec leurs propres moyens: ils conçoivent et fabriquent une machine spéciale. On peut y allonger un patient pour mesurer le taux de strontium dans son corps. Les patients, de toute façon, sont toujours aussi ignorants de leur état. Agriculteurs, ouvriers, femmes, enfants: leurs dossiers médicaux, gardés par un homme armé, n'indiquent pas clairement la pathologie. "Nous n'avions pas le droit de l'écrire ni même d'indiquer l'origine géographique des malades: cela aurait pu permettre un rapprochement avec les activités de Mayak, explique Mira Kossenko. Alors nous mettions des codes: ABC, le plus fréquent, signifiait ?mal chronique des rayons, irradiation?." En quarante ans, 63 000 personnes vont passer par l'institut. Le taux de leucémies est supérieur de 40% à la moyenne nationale. Mais à personne, jamais - du moins jusqu'en 1991 Mira ne dira la vérité. Comme tous les médecins de l'hôpital, elle ment.
63 000 dossiers s'accumulent. "La plus grande banque de données mondiale sur les conséquences d'une exposition longue à de faibles doses de radiations ».
d'un ancien complexe nucléaire :
bonne lecture ! :
la directrice de l'Institut de biophysique - l'hôpital - de
Tcheliabinsk parle.
Elle raconte les villages dévastés, la rivière polluée et, surtout, les
413 000 personnes irradiées. la plus grosse catastrophe nucléaire
depuis Hiroshima.
A 80 kilomètres au
nord de la ville de Tcheliabinsk, aux portes de la Sibérie dans cette
partie de la Russie interdite aux étrangers jusqu'en 1991, trois cités portent
des noms de code: Tcheliabinsk 45, Tcheliabinsk 65 et Tcheliabinsk 70. Des
fantômes du monde communiste: elles ne figuraient
sur aucune carte, leur existence était niée par les autorités, leurs alentours
particulièrement protégés. Des villes secrètes, regroupées dans un complexe
industriel nommé Mayak. Plus de 100 000 personnes y vivaient, travaillant sur
des programmes civils et militaires ayant un point commun: le nucléaire.
Mayàk symbolisait la puissance de la recherche et de
l'industrie soviétiques. En 1949, la Russie stalinienne y entame des travaux
d'une importance capitale: la fabrication de la bombe atomique: les déchets de
production, hautement radioactifs, sont rejetés, en vrac, dans la rivière
voisine, la Tetcha. Les éléments dangereux, pense-t-on alors, vont être dilués
dans la masse et portés, de confluent en confluent, jusque dans l'immense océan
Arctique, où leur présence ne sera même pas détectable. Dès 1952, quelques mesures de contrôle inquiètent les responsables
de Mayak: la
rivière est dramatiquement polluée l'océan polaire contaminé. Les déchets
seront désormais entreposés dans des silos ou déversés massivement dans un
petit lac, le Karachaï, situé au coeur de la zone interdite. Aujourd'hui, le
Karachaï est devenu une bombe à retardement de 120 millions de curies
(Tchernobyl: 50 millions). Des poussières radioactives s'envolent pendant les
tempêtes et une auréole meurtrière s'agrandit dans le sous-sol, empoisonnant
les eaux souterraines.
Un silence mortel pèse sur cette région hors du monde. En
1954 les autorités interdisent la baignade. Sans la moindre explication. Sans,
donc, être obéies. En 1957, une cuve de 160 mètres cubes de déchets radioactifs
explose. 20 millions de curies se répandent sur 1000 kilomètres carrés de bois,
lacs et cultures. 23 villages particulièrement touchés sont évacués. Les services de
renseignement occidentaux décèleront vite la catastrophe. A Moscou, on la niera
jusqu'en 1972. Comme on niera les
autres accidents (au moins trois). Le message de l'administration reste: tout
va bien. Les enfants continuent à se baigner joyeusement dans les eaux
irradiées.
En 1967, Mira Kossenko est médecin généraliste à Tcheliabinsk. Elle ignore tout des pollutions provoquées par Mayak. On lui propose un poste à l'Institut de biophysique, alors l'hôpital le mieux équipé de la région. Elle accepte. Mais doit signer un papier par lequel elle s'engage au secret absolu sur son travail et à ne jamais rencontrer d'étranger. L'établissement n'est pas comme les autres: dépendant du ministère de la Santé, il est en fait financé par celui des Constructions mécaniques moyennes (rebaptisé, aujourd'hui, ministère de l'Industrie nucléaire). Une mystérieuse administration qui possède sa propre armée, ses propres services de renseignement, et même, dans certains centres secrets, sa propre monnaie. Un Etat dans l'Etat.
MAYAK N'EXISTE PAS
Mira n'a jamais vu un hôpital si protégé. Ni si mal informé: quand le journal scientifique britannique "Nature" publie un article sur les retombées d'une éventuelle catastrophe nucléaire à Tcheliabinsk l'hôpital - abonné - reçoit un exemplaire dont des pages ont été arrachées. Les médecins ne sont pas dupes: l'état des malades et les confidences de quelques responsables ont suffi pour les renseigner. Pas question cependant de téléphoner à Moscou ou ailleurs pour demander des compléments d'information sur l'irradiation et ses traitements: les conversations téléphoniques sont surveillées. Pas question, non plus, de commander, hors de Tcheliabinsk, du matériel spécifique au traitement des irradiés. Interdit.- Logique du discours officiel: "Faire venir cet équipement signalerait les problèmes de radioactivité. Or nous ne pouvons pas avoir de telles pathologies... puisque Mayak n'existe pas." Incontournable.
En 1972, le gouvernement soviétique reconnaît finalement qu'un "incident" nucléaire majeur a eu lieu dans l'Oural. Les règles ne changent pourtant pas. En 1974, deux scientifiques de l'hôpital décident d'agir avec leurs propres moyens: ils conçoivent et fabriquent une machine spéciale. On peut y allonger un patient pour mesurer le taux de strontium dans son corps. Les patients, de toute façon, sont toujours aussi ignorants de leur état. Agriculteurs, ouvriers, femmes, enfants: leurs dossiers médicaux, gardés par un homme armé, n'indiquent pas clairement la pathologie. "Nous n'avions pas le droit de l'écrire ni même d'indiquer l'origine géographique des malades: cela aurait pu permettre un rapprochement avec les activités de Mayak, explique Mira Kossenko. Alors nous mettions des codes: ABC, le plus fréquent, signifiait ?mal chronique des rayons, irradiation?." En quarante ans, 63 000 personnes vont passer par l'institut. Le taux de leucémies est supérieur de 40% à la moyenne nationale. Mais à personne, jamais - du moins jusqu'en 1991 Mira ne dira la vérité. Comme tous les médecins de l'hôpital, elle ment.
en 1972, des
scientifiques de Mayak sont venus parler d'un "incident" et d'un
danger lié à la rivière. …..
…"Il n'y a presque aucun enfant en bonne santé, une
personne sur deux meurt de cancer, et d'autres maladies se développent dans des
proportions totalement anormales. On trouve des particules de plutonium jusque
dans les bouleaux qui poussent autour du village. Il faut informer et
agir."
La lutte a officiellement commencé. Un budget de 18
milliards de roubles -15 millions de francs, avec une inflation à 10% par
semaine - a été débloqué en janvier dernier par le gouvernement. (article de 1993 !!) Une loi doit être
votée par le Parlement pour donner aux irradiés la même protection sociale
qu'aux victimes de Tchernobyl.
63 000 dossiers s'accumulent. "La plus grande banque de données mondiale sur les conséquences d'une exposition longue à de faibles doses de radiations ».
source. archive
on continue et on achète un compteur Geiger ? :
La Nasa a publié ses conclusions sur la chute et l’explosion d’une météorite vendredi 15 février, en Russie, qui a fait plus d’un millier de blessés : ce corps devait mesurer une quinzaine de mètres et peser entre 7.000 et 10.000 tonnes. Lorsqu’elle a explosé, la « météorite de l’Oural » a dégagé une énergie équivalente à 500 kT de TNT, soit une trentaine de fois l'énergie estimée de la bombe atomique tombée sur Hiroshima en août 1945. C’est ce qu’a annoncé la Nasa après l’étude de la trajectoire de ce corps, alors que les premières estimations parvenaient seulement à 30 kT.
plus
RUSSIA. Chelyabinsk Region. Muslimovo. July 2007. Site where 1957 nuclear accident, Majak 1, took place
© Thomas Dworzak/Magnum Photos
on continue et on achète un compteur Geiger ? :
La Nasa a publié ses conclusions sur la chute et l’explosion d’une météorite vendredi 15 février, en Russie, qui a fait plus d’un millier de blessés : ce corps devait mesurer une quinzaine de mètres et peser entre 7.000 et 10.000 tonnes. Lorsqu’elle a explosé, la « météorite de l’Oural » a dégagé une énergie équivalente à 500 kT de TNT, soit une trentaine de fois l'énergie estimée de la bombe atomique tombée sur Hiroshima en août 1945. C’est ce qu’a annoncé la Nasa après l’étude de la trajectoire de ce corps, alors que les premières estimations parvenaient seulement à 30 kT.
plus
RUSSIA. Chelyabinsk Region. Muslimovo. July 2007. Site where 1957 nuclear accident, Majak 1, took place
© Thomas Dworzak/Magnum Photos